jr du quebec - Part 2

Le parrain...

fiche d’identité


Pseudo : JR

Sexe : Homme

Année de naissance : 1988

Jeune, passionné, francophone et tout premier fixie-lover de Bruxelles il y a 6 ans, JR nous raconte tout sur sa vision de l'univers des vélos d'occasion !


Velook :  La vocation de Velook est de partager des astuces pour acheter un vélo d'occasion au meilleur prix. Quels conseils ou petits trucs aurais-tu à donner à nos lecteurs ? (boutique, brocante, site internet, arnaques à éviter ou anecdote lors d'un achat ou d'une vente...)

JR : Je n’achète plus de vélos neufs en boutique, mais j’y vais encore pour les pièces. A Montréal, j’aime les boutiques qui ne vendent pas de vélos neufs, et font juste des réparations et ventes de pièces détachées. Leur esprit est totalement différent d’un magasin comme celui pour lequel je bossais, ils sont là pour t’aider à prolonger la durée de vie de ton vélo. J’achète très peu sur internet, principalement parce que je trouve quasiment tout ce dont j’ai besoin d’occasion.

D’après moi, la meilleure astuce pour bien acheter un vélo d’occasion est d’avoir de bonnes bases en mécanique vélo. Ca prend un peu de temps, un petit investissement initial pour les outils spécifiques, mais c’est payant sur le long terme.

Si vraiment l’objectif est le prix le plus bas possible, il est possible de récupérer gratuitement des vélos qui ne roulent pas et de combiner les pièces de plusieurs pour remonter un vélo roulant. On peut aussi acheter des vélos pour moins cher que leur vraie valeur, juste parce qu’ils ont besoin d’ajustements.

En plus, connaitre les bases en mécanique permet de bien vérifier l’état du vélo pour ne pas avoir de mauvaises surprises après l’achat.

Pour tout ceux qui veulent apprendre autrement que par internet et Youtube, ou ne veulent pas investir dans les outils, ou tout simplement n’ont pas assez de place pour bricoler chez eux, il existe des ateliers de vélo communautaires. En général, ces ateliers permettent à leurs membres de venir sur place réparer leurs vélos, ils ont accès à tous les outils, à des pièces d’occasion ou neuves et vendues à prix coutant, à des formations en mécanique…. A Montréal, je pense à Santrovélo, BQAM ou encore Mile-end bike garage… A Bruxelles, j’ai monté mon premier fixie à l’atelier Cyclo. Je pense qu’il doit avoir ce genre d’associations dans toutes les grandes villes de France également.

"'je trouve que le marché des vélos d’occasion est passionnant à étudier"

Quel est le vélo rétro ou fixie de ta collection (ou que tu as possédé) dont tu es le plus fier? Pour quelles raisons ? (peux-tu m'envoyer une photo pour illustrer l'interview)

Je vais te parler de mon dernier bébé, puisque je l’ai acheté en Novembre dernier, et que je n’ai malheureusement pas pu l’essayer en extérieur ! C’est un Marinoni Squadra de 1998. Giuseppe Marinoni est un artisan cadreur basé en banlieue de Montréal, et c’est une légende ici. Son histoire est très belle. Il était coureur cycliste en Italie dans les années 60, et est venu au Québec en 1964 pour une participer à une course. Il y a rencontré sa future femme, Simone, et n’est jamais reparti. Il a lancé son entreprise de fabrication de vélos et d’importations de pièces (principalement Italiennes) en 1974. Au fil des années, il a acquis une excellente réputation pour ses cadres, tous faits à la main, et avec une superbe finition. Il a fait des cadres de route et piste pour de grands coureurs professionnels Nord Américains dans les années 70 et 80. Il a maintenant près de 80 ans, il roule toujours beaucoup, et a même soudé quelques cadres l’an dernier (une édition spéciale pour les 40 ans de son entreprise, dont les fils ont repris le flambeau). Il détient le record de l’heure sur piste dans la catégorie 75 ans et plus, et un documentaire a été tourné sur lui durant sa préparation pour ce record (Marinoni, The fire in the frame) !

Je ne pensais pas forcément m’acheter un de ses cadres, que je trouvais très beaux, mais un peu chers étant donné que l’artiste est vénéré à Montréal ! Mais j’ai trouvé en Novembre un modèle qui m’a fait craquer, un vélo de course à l’ancienne, en acier léger Colombus SLX avec raccords. Le souci du détail est impressionnant : quand on regarde le vélo de prêt, on voit que c’est un travail d’artisan qui a nécessité de nombreuses heures de travail. Le vélo est actuellement monté avec toutes sortes de pièces de gammes différentes, certaines neuves, d’autres d’époque…rien d’homogène. Mais je scrute les petites annonces dans l’espoir de trouver un « donor bike » de la même époque, qui serait entièrement équipé en Campagnolo haut de gamme (Campagnolo est l’équipementier Italien de choix pour la plupart des vélos Marinoni, le mien est en Shimano, le concurrent Japonais). Une fois que j’aurais trouvé toutes les pièces que je cherche, le vélo sera une vraie pièce de collection, et je compte bien lui faire faire de nombreux kilomètres !

"A Montréal, j’aime les boutiques qui ne vendent pas de vélos neufs"

Tu as vécu en France, en Belgique et maintenant au Québec. Le marché du vélo d'occasion est-il différent dans ces pays? la loi de l'offre et de la demande comparable ?

Mon expérience du marché de l’occasion en France est limitée, parce que j’y ai acheté la plupart de mes vélos neufs, ou alors à mes amis du club de vélo. J’en ai revendu quelques uns, mais sans vraiment connaitre le marché, et donc pas au meilleur prix !

En Belgique, j’avais acheté un vieux vélo de route, mais en bon état, dans une sorte de marché aux puces. Niveau prix, c’était imbattable. Comme je le disais plus haut, j’avais monté ce vélo en fixie, et le vélo a pris beaucoup de valeur après la transformation. Pour un vélo qui m’avait coûté un total d’environ 75 euros, je l’avais revendu le double après 4 mois, lorsque j’ai quitté le pays ! Une bonne affaire ! Le prix de revient extrêmement faible venait du fait que j’avais eu la chance de monter ce vélo avec des pièces d’occasion dans un atelier communautaire.

Au Québec, où je vis depuis maintenant 6 ans, j’ai beaucoup plus d’expérience puisque j’ai fait au moins 15 transactions d’achat ou vente, et j’ai également conseillé des amis dans leurs projets. Dernièrement, je me suis aussi mis à acheter des pièces d’occasion, alors que je les achetais neuves auparavant. Je travaille dans la finance, et je trouve que le marché des vélos d’occasion est passionnant à étudier, parce qu’on y retrouve la plupart des caractéristiques des marchés financiers ! Les mêmes biais comportementaux des acheteurs/vendeurs, les mêmes problèmes d’asymétrie d’information, des opportunités d’arbitrages, de la saisonnalité dans les prix …

Je ne vais pas endormir tes lecteurs avec trop de détails, mais je vais juste expliquer le principe de saisonnalité à Montréal. La ville est sous la neige de Décembre à Mars, ce qui rend la pratique du vélo difficile, et le stockage extérieur quasi suicidaire. Donc on retrouve un marché très favorable aux acheteurs en Octobre et Novembre, car énormément de gens veulent vendre leur machine, tandis que peu sont prêts à acheter un vélo qui ne servira pas pendant 5 mois. L’effet inverse se produit avec les premières chaleurs en Avril, où l’avantage est aux vendeurs ! Pour profiter à fond de ce phénomène, j’essaye de faire mes achats « en solde » à l’automne, et de vendre « au prix fort » au printemps !




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