L'INterview de Paul-Adrien Cormerais, cofondateur de Pony

Le premier vélo biplace à partager, c'est lui !

Pony est l'un des tout premiers opérateurs de micromobilité a s'être lancé dans les vélos partagés en France et en Europe. Cerise sur le gâteau, Pony est entreprise française qui innove vraiment : premier vélo biplace en libre-service et modèle de financement "adoptif". On vous explique tout ça dans cette interview de son cofondateur.

Paul-Adrien de Pony

La première fois que nous avons emprunté un Pony, c'était à Oxford en 2018. C'était le tout début des vélos en freefloating.

Quelque temps après, nous avons retrouvé les mêmes vélos à Angers. C'est là que nous avons compris que ces vélos bleus étaient français.

Pony est réapparu dans notre fil d'actualité il y a 2 ans avec le double Pony, le premier longtail partagé ! Nous sommes littéralement tombés amoureux de ce vélo. Nous en parlions déjà dans nos prédictions 2020.

Il y a quelques jours, nous avons eu l'opportunité d'interroger le cofondateur de Pony. Nous avions énormément de questions à lui poser. Il a eu la gentillesse de prendre le temps d'y répondre. Nous vous laissons découvrir les coulisses de cette entreprise spécialisée dans la micromobilité :

Bonjour Paul-Adrien, peux-tu te présenter et nous expliquer comment l'aventure Pony a-t-elle démarré ?

Je suis Paul-Adrien, le cofondateur et le Président-directeur général de Pony.

Pony est une aventure qui débute en 2017, il y a maintenant 5 ans. Cela fait de nous une des plus anciennes entreprises de micromobilité partagée et nous sommes aujourd’hui la seule entreprise française à proposer des vélos, des vélos à assistance électrique et des trottinettes en libre-service.

 

Pour répondre à ta question sur le début de notre aventure, il faut se souvenir qu’en 2017, la mobilité partagée se limite alors à Velib, Velo’v ou Bicloo. C’est-à-dire des vélos mécaniques proposés et financés par la collectivité.

 

Depuis plusieurs années, je me passionnais pour l’internet des objets. Fin 2016, avec Clara, la cofondatrice de Pony, nous commençons à imaginer une solution de partage de vélos à travers une application mobile.

 

Petit à petit, en réfléchissant à ce projet, nous prenons conscience qu’il est en fait possible de déployer des milliers de vélos pour un coût 100 fois inférieur à celui des Vélib en supprimant la station physique. Traditionnellement, la station servait à deux choses : verrouiller le véhicule et facturer l’utilisateur.

 

En 2017, le taux d’équipement en smartphone est déjà très haut : tout le monde dispose d’un terminal de paiement dans sa poche. Nous créons alors un cadenas connecté à très faible consommation d’énergie, nous l’installons sur nos vélos et nous lançons nos premières flottes à Angers et Oxford.

 

Si nous sommes le pionnier en Europe, plusieurs acteurs asiatiques se lancent dans l’aventure et grandissent à une vitesse démesurée. Nous comprenons rapidement que la concurrence sera rude et qu’il va falloir adopter un autre modèle de croissance pour construire notre entreprise.

Nous avons eu raison : Ofo, Mobike, Gobee Bike n’existent plus. Pony est encore là.

 

En février 2019, 18 mois après le lancement de nos vélos, nous décidons de lancer notre première flotte de trottinettes partagées. En septembre 2020, ce sera au tour des vélos à assistance électrique de rejoindre nos flottes.

 

Aujourd’hui, nous sommes présents dans 14 villes et plus de 100 personnes travaillent pour pony dont une trentaine de personnes au siège. Grâce à notre très belle croissance et au soutien de nos investisseurs, nous allons doubler la taille de notre équipe : 30 recrutements sont actuellement en cours !

Quels sont les principaux problèmes que cherche à résoudre Pony?

Pony propose des vélos, des vélos à assistance électrique et des trottinettes électriques en libre-service à travers une application mobile. Nous sommes désormais habitués mais il faut se rendre compte que ça change la vie de millions de personnes.

 

Dans des villes aussi diverses qu’Angers, Bordeaux ou Bourges, les habitants disposent à n’importe quel moment d’un moyen de transport fiable, sécurisé et respectueux de l’environnement.

 

C’est quand même une avancée majeure qui structure nos habitudes, nos modes de vie et la ville de demain. Les avantages sociaux et environnementaux sont si nombreux : réduction de la congestion urbaine, diminution de la pollution, lutte contre la sédentarité…


Le double Pony


Pour ceux qui n'ont pas de Pony sur leur territoire, peux-tu leur présenter votre offre de mobilité ?

Pony propose, à travers une application mobile des trottinettes, des vélos et des vélos à assistance électrique en libre-service. Dans les villes où Pony est implantée, les habitantes et les habitants disposent à chaque instant d’un vélo, d’une trottinette ou d’un VAE à moins de 200 mètres de soi.

Nous le faisons avec un modèle participatif unique au monde : les vélos et trottinettes disponibles dans la rue n’appartiennent pas à Pony mais à des habitantes et des habitants. Nous les appelons Pony Angels. Ces propriétaires récupèrent 50% des revenus générés par chaque trajet. Avec l’autre moitié, Pony fournit une garantie, assure l’entretien et la recharge.

 

Ce modèle est une de nos spécificités mais il y a évidemment d’autres, à l’image de notre VAE deux places : le Double Pony, soit le premier vélo longtail conçu pour le partage.

Justement concernant le Pony 2 places, comment avez-vous eu cette idée alors que les longtails faisaient tout juste leur apparition en France ?

En 2018, je me rends dans un salon vélo à Angers et j’essaie pour la première fois un longtail. Je tombe amoureux de ce type de vélo.

Nous réfléchissions alors à notre premier VAE. Avec l’équipe d’ingénieurs Pony, nous avons réorienté le projet pour faire le premier VAE longtail pour le partage.

 

Depuis 2021, ils sont disponibles dans plusieurs villes en Europe. Par rapport à des VAE simples, le taux de rotation est multiplié par 2 ! Notre intuition était la bonne : 50% des utilisateurs prennent le vélo à 2 !

Ces types de vélos en libre-service s'adressent-ils à tous les types de cyclistes ?

On me demande souvent pourquoi Pony s’appelle Pony. Un Pony, ce n’est pas un cheval : vous ne faites pas le Tour de France, vous ne faites pas des pointes de vitesse. Mais un Pony, c’est simple, c’est fiable, c’est accessible, c’est confortable.

 

C’est le cas de tous nos véhicules : simple à prendre en main, confortable à utiliser.


Le concentré vélo 🍋

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Le marché de la mobilité partagée est en plein essor : Dott, Tier... Quelle est votre valeur ajoutée par rapport à vos concurrents ?

Notre modèle participatif unique : Adopte un Pony. Les vélos et trottinettes Pony appartiennent à des particuliers ! Ce modèle change tout, il donne la propriété de notre flotte aux habitantes et aux habitants.

Comme je te le disais, avec Pony, tu peux acheter un vélo ou une trottinette Pony sur adoptapony.com. À chaque fois que ton véhicule fait un trajet, tu récupères 50% des revenus générés par chaque trajet. Avec l’autre moitié les recettes, Pony se charge de tout : la recharge, les déplacements et la maintenance.

 

Par rapport aux concurrents, je pense que ce qui nous différencie également c’est notre approche responsable : nous n’avons jamais lancé sans l’autorisation d’une ville, nous nous fournissons en électricité verte, nous effectuons nos opérations en vélo-cargo et van électrique, nous avons structuré une démarche de recyclage au sein de filières dédiées et spécialisées..

App mobile Pony vélo

"adopter un Pony"... C'est un concept marketing ou c'est plus sérieux que ça ?

Ça change tout. C’est extrêmement sérieux. Au fond, c’est un choix de société.

Est-ce que nous souhaitons que la mobilité urbaine de demain appartienne à de grandes sociétés américaines ou souhaitons-nous qu’elle appartienne à tous ?

Est-ce que nous souhaitons que les bénéfices générés par nos déplacements enrichissent des fonds qataris ou souhaitons-nous qu’ils reviennent à un voisin ?

Avec Adopt a Pony, nous permettons aux villes partenaires de créer une mobilité en circuit court et une communauté de citoyens engagée dans la transition écologique des mobilités. Cette communauté joue un rôle clef : elle défend les mobilités partagées et porte le service avec Pony, elle en fait la promotion et participe ainsi à accélérer la modification de nos habitudes de transport.

Ce modèle n’a que des avantages. Je pourrais t’en parler des heures tellement il y a d’effets positifs.

 

Un dernier exemple ? On parle souvent du désengagement politique de certaines catégories de citoyens. Avec Adopte un Pony, on permet à des milliers de personnes qui souhaitent s’engager contre le réchauffement climatique, qui souhaitent soutenir l’économie française de le faire en quelques clics. C’est vraiment bien plus qu’un concept marketing.

Peux-tu nous en dire plus sur votre modèle très "green" ?

Nous avons un principe : optimiser chaque étape de notre service pour avoir l’impact carbone le plus faible possible.

Lors de la production du véhicule, on utilise de l'électricité 100% verte, opération en cyclologistique. On travaille d’ailleurs énormément avec les sociétés coopératives Tout en vélo - on les adore !

Là où on va plus loin que nos concurrents c’est dans l’écoconception. Contrairement à ce que beaucoup de personnes pensent, quasiment aucun opérateur n’a une expertise hardware. Pony est l’un des seuls à concevoir ses propres vélos et vélos à assistance électrique.

L’écoconception passe par l’optimisation du choix des matériaux et des composants pour une utilisation partagée mais également par des choix technologiques comme l’utilisation de batterie sans soudure du fabricant français Gouach.

 

Cette technologie permet de réparer les batteries et d’augmenter leur durée de vie à 10 ans.

pony wolf

S'agissant des collectivités et au regard de votre expérience, quel est le principal conseil que vous pourriez donner à une collectivité souhaitant proposer une flotte de vélos partagés à ses habitants ?

Le faire. Des villes comme Nantes, Toulouse ou encore Rennes n’osent pas sauter le pas. Mon principal conseil c’est donc de le faire.

 

Et pour le faire, l’idéal reste de consulter les entreprises qui proposent le service et de faire confiance à leur expertise.

Quelles sont vos ambitions pour les prochaines années ?

La première, c’est de continuer de grandir en ouvrant de nouvelles villes avec un objectif de 15 nouvelles villes par an.

 

La deuxième, c’est de complètement rapatrier notre production en Europe. Nous sommes en bonne voie mais il reste encore des étapes importantes à franchir.

Y a-t-il un ou plusieurs nouveaux produits en cours de conception dont vous pourriez nous parler ?

Notre équipe hardware travaille constamment sur des pistes exploratoires pour améliorer nos vélos et trottinettes ou créer de nouvelles fonctionnalités sur les véhicules.

 

Nous sommes en train de finaliser une nouvelle version de notre vélo mécanique. Visuellement, rien ne change mais le confort du trajet et la robustesse du véhicule sont considérablement améliorés. Nous allons complètement retrofiter la flotte actuelle.

Enfin, notre dernière question spéciale Velook. Peut-on acheter un Pony d'occasion ?

Une grande partie de nos propriétaires finissent par privatiser leur vélo pour le garder pour eux. Il y en aura sûrement sur le bon coin dans les prochaines années !


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