L'interview d'Hugo Bâlon d'abordage

Comment passer de e-commerçants à fabricants ?

cofondateurs d'Abordage

L'entrepreneuriat n'est ni un sprint ni une compétition. C'est une aventure où après chaque sommet franchi, on se sent plus fort pour aller en gravir de nouveaux. C'est un peu ce que j'ai retenu à la fin de ma rencontre avec Hugo Bâlon, co-fondateur de ABORDAGE (à droite de la photo).

Lui et son ami Romain (2nd cofondateur) sont devenus des experts en bagagerie. En 6 ans, ils ont réussi à hisser leur site d'e-commerce de sacs à dos tendance parmi les plus consultés du web. Et forcément ça leur a donné des idées pour la suite. Ils ont décidé de s'attaquer à un nouveau défi : devenir fabricant de sacs à dos et sacoches pour cyclistes !

Tout en restant dans "le massif de la bagagerie", ils sont en train de gravir la face nord du "mont vélotaf".

C'est un peu tout ça que vous allez découvrir dans cette interview bien qu'Hugo viennent du Nord et non de Haute-Savoie.

Salut Hugo, peux-tu te présenter et nous raconter comment cette aventure a-t-elle démarré ?

Bonjour Léry ! J’ai co-fondé ABORDAGE à Lille avec l’un de mes meilleurs amis d’enfance, Romain, il y a bientôt 6 ans… Que le temps passe vite. Néanmoins le ABORDAGE de l’époque n’a plus rien à voir avec ce qu’il est aujourd’hui !

Nous avions initialement lancé un site e-commerce entièrement dédié aux sacs à dos tendance. Fans de ce produit, nous avions remarqué à l’époque qu’il n’y avait pas de spécialiste en ligne pour accompagner les citadins et citadines dans leur recherche d’un beau sac à dos. Notre mission était simple, rendre les gens beaux de dos en leur dénichant les plus belles marques qui soient !

Ce n’est que 2019 que notre catalogue a évolué. Ayant tous les deux une importante sensibilité écologique, et fervent pratiquants du vélotaf, nous avions remarqué que l’on retrouvait les mêmes problématiques sur le marché du cycle en ville : difficile pour les cyclistes citadins de trouver des équipements tendances, car la plupart des accessoires étaient cantonnés à leur fonctionnalité première, sans recherche de style.

Il nous a semblé alors logique de pousser notre concept plus loin en dénichant des accessoires malins et tendances pour tous les cyclistes citadins. Nous passions de beaux de dos à beaux à vélo !

2 ans après, nous avons réussi à faire notre place sur ce marché concurrentiel en accompagnant plusieurs milliers de cyclistes par an. Mais surtout, nous sommes désormais très fiers de concevoir et produire également nos propres équipements !

Justement, pourquoi avez-vous choisi de développer ce nouveau savoir-faire et comment avez-vous réussi à passer de commerçants à fabricants ?

Premièrement, toutes nos décisions ne visent qu’à répondre à une question simple : comment mettre un maximum de citadins sur une selle, et donc un maximum de voitures au garage ?

Ça ne se fera pas en culpabilisant les gens, mais plutôt en leur montrant à quel point le vélo est bon pour eux, et par conséquent pour la planète. Or, dans notre recherche d’équipements pour égayer leur trajet nous étions parfois confrontés à certaines lacunes dans l’offre, à commencer par la bagagerie.

Ayant déjà eu l’occasion de créer deux marques de sacs à dos, nous avons refait le coup et décider de prendre le sujet à bras-le-corps en créant notre propre bagagerie vélo. Ce nouveau métier, nous l’avons appris, et l’apprenons toujours, en mettant notre client au centre de la création produit. Nous le faisons intervenir à chacune des étapes grâce à des questionnaires, des workshops, et des tests produits. Le succès du lancement de notre sacadoche nous a donné raison !


Découvrir Hugo, cofondateur d'Abordage


Aujourd'hui, quels sont les principaux problèmes que cherche à résoudre la Sacadoche ?

Afin de lancer le bagage de vélo qu’attendaient nos clients citadins, nous avons réuni plus de 300 d’entre eux autour de questionnaires pour affiner les problèmes qu’ils rencontrent avec l’offre de bagagerie vélo actuelle.

4 problèmes majeurs sont alors ressortis du lot : 

  • Une sacoche imperméable c’est bien, mais si elle peut ne pas donner l’impression de partir en camping… C’est mieux.
  • Des fixations pour porte-bagages souvent compliquées car manquant de compatibilité.
  • Un manque de rangement et donc de praticité pour les affaires du quotidien comme l’ordinateur.
  • Une fois arrivé au bureau, très peu pratique à transporter à la main.

Nous avions remarqué à l’époque qu’un nouveau type de bagage vélo, appelé familièrement sacadoche, faisait son apparition chez différentes marques. Il s’agissait d’un produit multifonctionnel, à la fois sac à dos et sacoche de vélo. Ce type de produit était donc déjà un premier élément de réponse, mais sans pour autant répondre encore à toutes les attentes de nos clients vélotafeurs.

Nous avons alors développé avec eux une sacoche de vélo convertible en sac à dos, en mettant l’accent sur le développement des attaches, le style et bien sûr l’agencement intérieur du sac !

sacoche vélo

Le marché des sacoches est en plein essor : Ortlieb, Decathlon, marques artisanales... Quelle est votre valeur ajoutée par rapport à vos concurrents ?

Comme tu le dis, les clients n’ont malheureusement le choix à l’heure actuelle qu’entre des marques étrangères haut de gamme, des produits de la grande distribution ou des produits sur commande…

Or nous nous positionnons comme un acteur français authentique sur ce marché. Nous concevons et fabriquons en Europe (et maintenant pour en partie en France !) des bagages de vélo de qualité et responsables, dans lesquels nous mettons beaucoup de cœur, mais qui restent néanmoins accessibles car nous travaillons avec moins d’intermédiaires. 

Vous avez réussi à faire fabriquer vos sacoches en Europe, et même certaines pièces en France. Bravo pour ça ! Mais qu'est-ce qui manque pour les faire produire entièrement en France ?

Notre philosophie produit tient en 3 mots : durabilité, réparabilité et multifonctionnalités. Mais pour répondre à ces trois critères sur des équipements complexes comme les bagages vélo, les coûts de production peuvent vite s’envoler. 

Nous sommes conscients qu’acheter un produit fabriqué en Europe, conçu de manière responsable, et qui va durer des années représente forcément un coût pour nos clients. Nous défendons cet engagement car il nous éloigne des biens de consommations. Nous sommes fiers que l’achat d’un de nos produits résulte d’un raisonnement consciencieux, qu’il réponde à un besoin de fonction plutôt qu’à une mode.

Cependant le made in France ferait doubler pour l’instant le prix final de nos produits… L’idée de base est quand même de mettre un maximum de monde sur un vélo, pas seulement la tranche la plus aisée de la population.

Nous avons alors identifié deux leviers sur lesquels nous devons travailler pour des produits 100% made in France : le temps passé sur la chaîne de production et les volumes. Nous avons d’ailleurs déjà commencé à produire toutes nos fixations (pour le porte-bagages) en France à Roubaix, en impression 3D ! Ce n’est qu’une première étape, mais nous avons pris beaucoup de plaisir à monter ce premier projet.

D’ailleurs si parmi tes lecteurs, certaines travaillent sur de la réindustrialisation qu’ils me contactent !


Le concentré vélo 🍋

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Tu me reçois dans tes locaux. C'est un lieu un peu particulier. Peux-tu nous en parler ?

Nous étions à la base incubés à Blanchemaille, le bras e-commerce d’Euratechnologies (incubateur majeur de startups en France). Une fois prêts à prendre notre envol, toute l’équipe étant passionnée de bicyclette, nous avons voulu nous rapprocher d’un environnement qui sent bon le biclou.

C’est là que j’ai entendu parler du projet de Décathlon de faire de son site le Btwin village (le plus gros écosystème vélo de France) un futur lieu majeur dans le développement des nouvelles mobilités. On a donc pris notre courage à deux mains et on est tout simplement allé toquer à leur porte pour leur demander s’ils n’avaient pas une petite place pour nous ! Notre projet a été très bien accueilli. Voilà comment nous sommes arrivés à louer des locaux dans ce lieu magique du vélo, même si nous veillons à rester indépendants.

L'équipe abordage sur leurs vélos

Quelles sont vos ambitions pour les prochaines années ?

Tout notre petit peloton est persuadé que nos villes vont se transformer et que le vélo en est l’avenir. On souhaite donc s’inscrire comme une marque iconique, militante et référente dans cette révolution. Notre boulot sera d’aider chaque automobiliste à lâcher sa voiture en lui proposant des équipements qui vont lui faire adorer le vélo ! Soit à travers notre métier historique d’e-commerçants soit à grâce à notre nouvelle marque de bagagerie.

Y a-t-il un ou plusieurs nouveaux produits en cours de conception dont tu pourrais nous parler ?

Une designer de talent, complètement passionnée de bagagerie vélo, vient justement de nous rejoindre. Nous devons à ses côtés, outre la nouvelle version de la sacadoche, lancer 2 nouveaux produits pour la rentrée 2022 ! On révélera tout ça d’ici quelques mois avec le lancement des phases de co-création avec nos clients.

Ce que je peux te dire aussi de croustillant c’est que le nom ABORDAGE ne sera bientôt plus réservé qu’à notre site e-commerce, tandis que nos propres bagages vélo se verront rebaptiser avec le nom d’une nouvelle marque à l’identité très forte… A suivre !

Enfin, notre dernière question spéciale Velook. As-tu des conseils à recommander à nos lecteurs pour dénicher un vélo d'occasion ?

J’ai deux conseils essentiels à donner pour dénicher sa perle rare. Premièrement, en fonction de ses connaissances, il faut se cultiver un peu sur le sujet en suivant des chaînes Youtube / blogs spécialisés sur le sujet (c’est comme ça que j’ai découvert Velook !). Ensuite, en discuter régulièrement avec quelqu’un de passionné dans son entourage. Il ou elle vous aidera à composer votre short liste et à faire votre choix final, voir même vous accompagner le jour J ! 


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